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Les communes du Nord vaudois émettent des doutes quant à la réforme proposée par l'ECA. Et envisagent une autre solution.
Les broussailles incandescentes de Cuarny n'auront fort heureusement pas déclenché de sinistre. Elles ont au contraire le mérite d'avoir mis le feu aux poudres d'une profonde réflexion sur l'organisation de la défense incendie dans le Nord vaudois.<br><br>Rappel des faits: en juillet 2005, une alarme avait conduit à Cuarny un tonne-pompe du centre de renfort yverdonnois, qui n'avait découvert qu'un feu de branchages chez le commandant des pompiers locaux. Or celui-ci n'avait même pas été informé de l'«incendie» qui faisait rage sur ses terres. En plus de prendre du temps aux sapeurs yverdonnois, ce couac avait engendré des frais, facturés à Cuarny.
Mainmise de l'ECA
Selon la loi, les communes sont responsables de la défense contre l'incendie sur leur territoire. Mais c'est l'Etablissement cantonal d'assurance (ECA) qui chapeaute le tout, d'un bout à l'autre de la chaîne, puisqu'il fait la «banque», fournit le matériel, centralise les alarmes et paie les dégâts.<br><br>Or cet organisme est en train de préparer, sous le terme «SDIS Evolution», une réforme de fond en comble du fonctionnement des pompiers vaudois. A très court terme, même si l'ECA pousse toujours aujourd'hui les villages à s'associer au prix de lourdes démarches, les corps communaux et même intercommunaux sont condamnés. Dès 2008, la défense contre l'incendie sera organisée en «régions» – il y en aura 34 dans le canton – articulées autour d'un «détachement de premier secours» central qui pourra s'appuyer sur des «détachements d'appui», des groupes de miliciens basés dans les villages.
Pas adapté à la région
«Cette organisation fonctionne dans les zones à forte densité de population, mais elle n'est pas adaptée à la réalité du Nord vaudois», regrette Jean-François Deriaz, syndic de Donneloye et coprésident d'un groupe de travail mis sur pied dans le cadre de l'assemblée des syndics du district d'Yverdon.
Epaulée par la préfète Pierrette Roulet-Grin, cette cellule de réflexion entend proposer à l'ECA un modèle plus adapté (voir ci-dessus). Parmi ses requêtes figure en bonne place la «double alerte», qui permettrait d'éviter les déplacements inutiles des renforts. Et s'ils sont nécessaires, ceux-ci pourraient alors compter sur la connaissance précise du terrain des sapeurs qui y vivent.
Une alerte transmise aux sapeurs locaux éviterait aussi que ceux-ci ne voient débarquer la «cavalerie» sans même avoir été avertis. «Pour la motivation des troupes, c'est une très mauvaise opération, assure Jean-François Deriaz. Il est difficile de recruter des volontaires s'ils savent qu'ils ne fonctionneront pas en dehors des quelques exercices annuels.»
Mais les négociations avec l'ECA ne semblent pas être de tout repos. «Sur la question de l'alarme, on croyait s'être mis d'accord autour d'une table. Mais une lettre, trois semaines après, nous apprenait que ce n'était pas possible, sans plus d'explications», s'irrite le syndic de Donneloye. Il espère donc que les propositions de son groupe, une fois mises en forme, convaincront les grands pontes de la lutte antifeu.
Source : 24 Heures - EMMANUEL BARRAUD
Nord vaudois : Les pompiers locaux donnent de la voix
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