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Actualité des sapeurs-pompiers

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«Allô le 118, venez vite s’il vous plaît, le feu a pris dans mon appartement»

Proposé par : admin Le 08/11/2006 à 18:15

DécouvrirPas le moindre transfert sanitaire depuis minuit. Il est 2 h du matin et l'ambulancière de piquet lâche à l'opérateur du 118: «Ils font quoi, les gens? Tu leur as dit que l'on était prêts à bosser, nous!» Prêts, ils le sont, assurément, jusque dans ces moments d'inactivité contrariante où l'attention ne doit en aucun cas se relâcher.


Aurélie Bersier, 25 ans, sortie de l'école de formation au seuil de l'été, se méfie de ces instants où il ne se passe «rien de chez rien», où la pluie et le froid jouent les gendarmes dissuasifs. «C'est là que peut tomber l'appel le plus important de votre service», explique-t-elle d'une voix jamais fatiguée.

Son service, elle le partage cette nuit-là avec un vieux routier du traitement des appels d'urgence, Jean-Marc Perrin, 37 ans de maison dont plus de dix à la CETA. Un père et sa fille? Non, deux opérateurs qui collaborent étroitement dans les instants de coups de feu. «Sur une grosse intervention, quand il s'agit d'envoyer rapidement du monde, puis du renfort, d'engager les hommes et les véhicules en temps réel, au besoin d'alarmer la seconde caserne, il faut s'épauler, se parler vite et bien», résume l'aîné, entre deux alarmes automatiques.

Le début de soirée, ce vendredi 20 octobre, offre un bel aperçu de l'efficacité du tandem. Le journal des événements s'écrit à quatre mains, enchaîne un incendie dans une allée d'immeuble avec une inondation quai des Forces-Motrices, un dépannage d'ascenseur rue de Vermont avec un sauvetage d'animal sur la commune de Versoix, une bonne et une mauvaise nouvelle.

A 21 h 05, «le petit chat est mort», malgré l'envoi d'un fourgon et la sollicitation du vétérinaire de garde. Dans le quart d'heure qui suit, le groupe d'étudiants enfermé à l'intérieur d'une classe est libéré par le concierge de l'établissement, prévenu par Aurélie, porteuse de clés par procuration.

Mieux vaut se comprendre, en effet, pour gérer, douze heures de suite, les «secours pompiers», sans véritable pause, en mangeant à la sauvette, après avoir réchauffé des plats qui souvent finissent à la poubelle.

Pascal Schaffner, l'officier de transmission, veille à la composition des équipes. Il vient du rang et ça s'entend à chacune de ses explications. La théorie, ici, n'oublie pas les 12 000 interventions traitées en 2005 par la Centrale d'engagement.

C'est pour répondre à cette demande en constante augmentation que les nouveaux opérateurs (dont trois femmes) sont formés. Dans le terrain d'abord, au contact des fumées et des situations réelles. Devant les écrans ensuite, allumés en permanence, à la manière d'un triptyque bourré d'informations.

A gauche, le parc des véhicules disponibles ou engagés, représentés par de petites icônes à faire rêver les mômes, qui changent de couleur et d'aspect en fonction du rôle attribué; au centre le procès-verbal détaillé de l'événement en cours; à droite, la cartographie de la ville pointant l'endroit exact du sinistre, mais aussi, à la demande, l'hydrante la plus proche.

Un tas de bois en feu

Une main manie la souris, qui court sans s'arrêter sur les trois écrans, pendant que l'autre réceptionne les appels. Celle-là exige une instruction spécifique. «On repasse des bandes enregistrées de cas particuliers ou stressants, souligne le lieutenant Schaffner, en demandant à nos aspirants de ne pas interpréter les situations mais de les comprendre, au plus près de l'urgence qu'elles génèrent. Un canevas de questions précises ramène à l'essentiel: adresse, étage, code de l'immeuble, types de fumées (blanches ou noires).

Des réponses obtenues dépendent souvent la réussite d'une intervention. Lorsque le temps presse, on ne suppose pas, on agit, sur la base d'une information la plus exacte possible.»

Pas de doute: le feu a pris tôt samedi 21 octobre au chemin François-Chavaz à Onex. L'appelant voit les flammes jaillir d'un tas de bois. Cette cheminée à ciel ouvert justifie l'envoi de cinq hommes et de la tonne pompe. Ce sera la dernière sortie de la nuit. «Grande» pour Aurélie selon l'attribution des tâches, mais petite à la lecture du journal des événements.

La jeune opératrice jette un regard distrait au tigre qui parade sur l'écran de télévision muet. C'est l'heure du documentaire animalier. L'oreille, elle, est prête à bondir sur le premier appel de l'aube. Il est 6 h 30 du matin au 118 et la relève franchit le seuil de la caserne.


L’appel que l’on n’oublie pas

La voix d'un enfant qui décrit en direct le feu dont il est le témoin unique, l'avancée des flammes, les meubles qui brûlent, dans un appartement fermé à clé de l'extérieur.

C'était il y a trois ans et Jean-Marc Perrin s'en souvient à chaque fois qu'il prend son service. «La mère s'était absentée et son numéro de téléphone était sur liste rouge. Impossible de connaître l'adresse de l'appelant. Il avait moins de 10 ans. Je lui ai dit de s'approcher de la fenêtre. Des voisins l'on vu et on a finalement pu le localiser. Et le sauver. Le jour même, sa mère appelait Swisscom pour retirer son nom des listes à l'identité protégée.» Depuis, les pompiers ont obtenu que tous les noms puissent être divulgués.

Source : Tribune de Genève - THIERRY MERTENAT

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