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Genève : La réforme des pompiers n’enchante pas les communes

Proposé par : admin Le 04/12/2006 à 21:00

SuisseSécurité - Les piquets de garde posent problème aux compagnies de volontaires.


«On n'a pas les effectifs pour assurer des piquets 365 jours par an», tonne Jean Bühler, maire de Chancy. Un argument entendu dans de nombreuses communes du canton face à la réforme «Pompiers 21», effective en juin 2007. Le projet prévoit, notamment, l'attribution de nouvelles compétences aux pompiers volontaires, afin de décharger le Service d'incendie et de secours professionnel (SIS).

Parmi les nouvelles tâches des compagnies volontaires, on note, entre autres, un chat dans un arbre, un abattage, une petite inondation ou un ascenseur bloqué. Autant de sinistres mineurs sur lesquels le SIS n'interviendra plus de 19 h à 7 h, et 24 heures sur 24 les week-ends et jours fériés. Et c'est là que le bât blesse. Cette obligation de piquet pour cinq hommes semble inapplicable. «Nos effectifs sont déjà mis à forte contribution avec la surveillance de salles de spectacle ou de manifestations», explique Arthur Plée, maire du Grand-Saconnex. «Nos pompiers volontaires ont effectué 6444 heures de présence en 2005. Leur demander plus est impossible.»

«Harmoniser les procédures et les moyens»

En 2004 et 2005, les communes d'Arve et Lac ont testé, durant dix-huit mois, l'application de cette réforme. Si pour le canton et l'Association des communes genevoises (ACG), le test a été concluant, les communes concernées ne sont pas encore toutes convaincues. «Nous avons joué le jeu, mais je doute du bien-fondé de ce projet», relève Christianne Jousson, maire de Choulex. «On a investi pas mal d'argent pour s'équiper, et au final le SIS se déplace quand même avec des moyens démesurés parfois!»

Maire d'Anières, Patrick Asheri voit plutôt d'un bon œil cette nouvelle forme de collaboration. «Nous nous sommes ­regroupés avec Collonge-Bellerive, Corsier et Hermance, afin d'assurer un piquet avec un véhicule et cinq hommes à ­biper tous les jours.» Le maire d'Anières reconnaît néanmoins un problème de définition du cahier des charges. «Chaque commune se ­débrouille à sa manière pour répondre à la demande. Le discours n'est pas homogène sur la République. Je pense qu'il faut harmoniser les procédures et les moyens pour arriver à un résultat favorable.»

Du côté du Mandement, Satigny s'est, par exemple, lourdement équipée pour répondre seule aux exigences de «Pompier 21». Alors que les petites communes voisines devront tenter un regroupement. A Bernex, Serge Dal Busco reconnaît que l'application de cette réforme pose problème. «Comme toutes les communes de la Champagne, nous sommes réticents à ce projet.» Dans ce secteur, les élus aimeraient proposer un système de bip à tous les sapeurs volontaires. «Il nous semble préférable d'alarmer toute la compagnie, plutôt que de mobiliser quotidiennement cinq hommes.»

Contacté, Pascal Chobaz, maire de Lancy et président de l'ACG, sort de ses gonds. «Ce projet a été voté à la fin de la précédente législature par plus de deux tiers des communes lors d'une assemblée générale. Elles ne peuvent pas tout ­remettre en question aujourd'hui.» Pour le président, le nouveau cahier des charges va revaloriser le rôle des volontaires. «Il est clair qu’un regroupement des petites compagnies sera nécessaire.» L'ACG a convoqué une assemblée extraordinaire en janvier, à laquelle participeront aussi le canton et une délégation du SIS. «Cette rencontre devrait permettre de résoudre certains problèmes organisationnels et de favoriser une mise en application harmonieuse.»

Hediger: «C’est une bonne réforme»

Si du côté des communes, le changement ne convainc pas tout le monde, le canton et la Ville sont satisfaits. «C'est une bonne réforme», assure le conseiller administratif André Hediger. «Elle valorise les pompiers volontaires en leur offrant des compétences supplémentaires. Tout en soulageant les pompiers professionnels qui conservent leurs acquis.»

Président de la commission du personnel, Olivier Catry ne partage pas l'enthousiasme d'André Hediger. Pour lui, la réforme «ne gagnera pas en qualité, va apporter plus de désagréments aux hommes des compagnies volontaires et coûtera plus cher aux communes.»

Olivier Catry s'inquiète aussi des répercussions financières de ce transfert de compétences. «Lorsque nous intervenons, nous facturons nos prestations. Nous rentrerons moins d'argent ce qui impliquera une augmentation de la subvention au SIS de la part des communes. Ces dernières devront en sus financer les interventions de leurs volontaires et les rémunérer. Car cette mobilisation régulière signera la fin du bénévolat. Ce manque de ressources peut aussi conduire, à terme, à une baisse de nos forces. Genève compte aujourd'hui 220 pompiers professionnels pour 420 000 habitants. C'est peu, en Allemagne ou en France nous devrions être 400 pour le même bassin de population. Nos contingents nous permettent d'assurer aujourd'hui deux grosses alarmes simultanées. En cas de stabilisation ou de réduction d'effectifs nous ne pourrons plus assumer toutes les interventions.» Un argument vertement contesté par André Hediger. «Il n'y aura aucune diminution de postes au SIS. Ni aujourd'hui ni demain. Leur travail de première intervention ne changera pas. Il s'agit juste de soulager les professionnels d'interventions légères.»

Le conseiller d'Etat Mark Muller qui a hérité de ce projet, a renconré récemment les syndicats. «Il n'y a aucune volonté de déprofessionaliser leur activité. Nous travaillons vraiment dans un objectif d'efficience des interventions. A savoir décharger le SIS des petites tâches pour lui donner une meilleure disponibilité.»

Source : Tribune de Genève - Isabel Jan-Hess

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