Actualité des sapeurs-pompiers
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Lausanne VD : Ils appellent l’ambulance juste pour rire
Proposé par : admin Le 22/07/2008 Ã 11:00
Un groupe de jeunes adultes a composé le 144 samedi à Lausanne pour faire une farce à un copain. Les secours sont partis au quart de tour. Plaisanterie détestable dont les urgences sont, hélas, coutumières et qui procure bien à tort le sentiment d’être introuvable derrière le numéro caché de son mobile.
«Allô les urgences? Notre copain a fait une chute sur le trottoir. Il est avec nous. Il est mal. Il a mal aux côtes. Il ne peut plus respirer. Nous arrivons à l’arrêt de bus des Croisettes à Epalinges. Venez vite! Mon nom? Je m’appelle… (ndlr: il donne l’identité de son copain).» Sourire et fou rire. La scène se passe à l’arrière d’un trolleybus lausannois, devant plusieurs voyageurs interloqués par cet appel bidon.
Ni courageux ni téméraire, le petit groupe de jeunes adultes quitte, dès la première station qui se présente, le bus qui est en route vers le lieu indiqué aux secours. Moins de cinq minutes plus tard, une ambulance sirène et feu bleu enclenchés déboule en trombe, devance le bus, fonce vers l’endroit du rendez-vous. Evidemment pour des prunes.
L’incident n’émeut guère la centrale du 144. D’abord, parce qu’il lui est impossible de faire la différence entre une alerte injustifiée, mais de bonne foi, et un canular. Ensuite, parce que de tels déplacements inutiles font quasi partie du quotidien des sauveteurs. Il demeure que les farceurs jouent un jeu qui peut coûter très cher. L’anonymat que procure le téléphone portable, même avec l’activation de l’option masquant le numéro appelant, est illusoire.
Directeur de la Fondation Urgences Santé, qui exploite notamment le 144, Eric-Alain Perroud ne comptabilise pas les appels bidon. «Nous fonctionnons selon le principe de la confiance et nous partons de l’idée que mieux vaut une course inutile qu’une mission vitale non effectuée», souligne-t-il.
Farceurs invités au centralMais il sait que de la malveillance existe. La plus facile à repérer est généralement celle émanant d’ados. «Plutôt que de porter plainte, nous les invitons à venir visiter la centrale 144. Ils prennent conscience de notre rôle et de notre utilité vitale et n’ont plus envie de recommencer. Nous leur expliquons que, pendant qu’il répond à un farceur, l’agent du 144 fait peut-être patienter un appel véritablement urgent et que lorsqu’un véhicule sort pour une intervention injustifiée, c’est un véhicule indisponible pour une autre intervention dont dépend peut-être la vie d’une personne.» Cette attitude bon enfant a ses limites. Au début des années 2000, un cas d’école défraya la chronique. Un Morgien avait appelé les secours en affirmant être un navigateur naufragé sur le Léman en train de se noyer. L’affaire avait mobilisé toutes les forces de secours, Rega comprise. Les recherches avaient duré des heures. En vain. C’était une plaisanterie.
Un geste qui coûte cherIdentifié grâce à son portable, l’individu fut condamné pour fausse alerte, une infraction qui peut valoir jusqu’à trois ans de prison ou une peine en jours-amendes. Il reçut en prime une facture de près de 10 000 francs.
Porte-parole de Swisscom, Christian Neuhaus explique qu’il suffit d’une installation spéciale pour lire même les numéros de téléphone masqués, équipement notamment utilisé dans les cas de harcèlement par téléphone.
A la centrale du 144, les numéros de téléphone s’affichent tous. Même ceux figurant sur liste rouge. S’il suspecte un acte de malveillance, le répondant note le numéro appelant et adresse une notification à l’opérateur téléphonique. Il s’ensuit un blocage de la ligne. Cela a généralement pour effet de faire sortir du bois le petit malin.
A la police cantonale, on confirme qu’en cas de plainte, un juge d’instruction peut parfaitement obtenir l’identité du propriétaire d’un numéro de portable, même masqué par son propriétaire.
Plus de 80 000 appels par an au 144Depuis son central lausannois, rue César-Roux, le central du 144 gère les interventions sur l’ensemble du territoire vaudois. Il connaît en permanence le nombre d’ambulances disponibles. La quantité d’appels ne fait que croître au fil des ans. Le téléphone sonne désormais plus 80'000 fois par année. Une fois sur trois, cela donne lieu à l’envoi d’une ambulance. Dans les autres cas, une réponse appropriée est donnée, soit par des conseils prodigués au téléphone, soit par un renvoi vers le central téléphonique des médecins de garde qui se trouve sous le même toit, ainsi que celui de Secutel. «On peut dire que dans une année, 44% de la population vaudoise fait appel à l’un de nos services. Cette proportion n’était encore que de 27% en l’an 2000», observe le directeur Eric-Alain Perroud. Une explication de cette hausse? «La conséquence d’une meilleure information sur la nature de nos prestations et, peut-être aussi, le signe d’une époque baignant dans les séries médicales télévisées.» Le 144 a accompli 26 920 missions en 2007 – deux tiers de maladies et un tiers d’accidents – dont 18 221 pour des questions de vie ou de mort. G.-M. B.
Source : 24 Heures - GEORGES-MARIE BÉCHERRAZLausanne VD : Ils appellent l’ambulance juste pour rire
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