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Fêtes de Genève - Retour sur un spectacle deux fois interrompu pour cause d'incendies.
La chose la plus commentée du week-end? Le spectacle pyromélodique dans la rade bien sûr. Et quand l'accidentel se mêle à la féerie, le débat passionné tourne à la dispute. Chacun a vu son feu et le raconte (lire ci-contre) mais tous ont vécu ensemble les vingt minutes d'interruption entre le deuxième et le troisième tableau.
Certains dans l'angoisse partagée («En voyant plusieurs radeaux en flamme, on a cru que ça n'allait jamais reprendre, malgré les annonces apaisantes du speaker»); d'autres dans la mauvaise humeur contagieuse («Après un quart d'heure à poireauter sur le pont du Mont-Blanc, j'ai fait comme mes voisins de galère: je suis rentré chez moi»); d'autres enfin se demandent encore, au surlendemain de leur plaisir contrarié, ce qui a bien pu se passer.
Chandelles papillon
Les bouquets finaux ont leur prix: ils surchauffent les pontons sur lesquels ils sont tirés. Samedi soir, à 22 h 44, les chandelles papillon de la maison Panzera ont brûlé leurs ailes de concert et mis le feu à leurs collègues de Pyrostars qui attendaient le déclenchement à distance de la régie générale pour s'envoyer en l'air à leur tour. «Avec un seul artificier programmé, on laisse brûler», explique le directeur René Gousset. Mais quand trois auteurs cohabitent dans le même espace, forcément compté, «on vit dans la crainte que le foyer ne s'étende aux produits qui ne sont pas partis».
Crainte fondée et intervention par deux fois nécessaire, la seconde avec le soutien des hommes du SIS. En se muant en marins-pompiers, les artificiers gardent la main artisanale. Pas question d'utiliser des lances, au risque de noyer les effets à venir: on cible l'extinction avec des bidons de dix litres, en naviguant d'un ponton à l'autre dans des petits bateaux de pêche.
«Aucun coup n'a été manqué»
Car l'époque est révolue où les forçats de la pyrotechnie bivouaquaient au beau milieu des mortiers. Depuis 2002, on tire à Genève sans présence humaine sur les pontons. Ces mesures de sécurité, prises après que l'on a enregistré de graves accidents ailleurs dans le monde, rallongent le temps d'intervention. Le mélange de flotte et de sable finit par avoir raison des fumerolles en carton. Même si le dernier tableau s'est fait attendre comme le retour du Jet d'eau dans la lumière, «aucun coup n'a été manqué», assure le régisseur général, en répondant aux esprits chagrins qui ont cru voir «des trous partout» dans l'ultime quart d'heure. Seul un jeu de quatre chandelles dont la ligne avait été coupée manquait au bilan numérique. C'est effectivement dérisoire, après 50 minutes de pyrotechnie intensive.
Justement, cette déferlante raisonnée d'effets a besoin de respirations, même involontaires. «Moi, j'adore les pauses que l'on n'avait pas prévues», lance cette habituée qui a applaudi samedi son dixième feu consécutif dans la rade. Avant d'ajouter en souriant: «Les cinq minutes de suspension lors de la dernière édition étaient trop courtes pour reprendre son souffle. C'est dire si mon bonheur, cette année, a été total.»
Par Thierry Mertenat
Source : Tribune de Genève
Genève : Le feu d'artifice enflamme et divise
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